Un travail de mémoire salutaire

Par Jean-Pierre AllaliLectures Crif 24 mai 2016

Bus blog 15
Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu’ici:la contribution de la société des transports parisiens à l’organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l’Occupation nazie.

C’est une contribution vraiment originale à l’histoire de l’Occupation de la France aux heures sombres de la Shoah que nous proposent les auteurs. À savoir, une enquête sur les responsables de la Société de transport des autobus parisiens qui convoyèrent, en direction des antichambres de la mort, déportés juifs, résistants et détenus politiques.

Malka Marcovich est historienne, consultante internationale, spécialiste des droits des femmes. Elle est issue d’une famille juive aux racines multiples qui vont de l’Europe de l’Est à l’Alsace en passant par la Méditerranée. Jean-Marie Dubois se définit comme « métis et baptisé, né dans une famille française bourgeoise, blanche et gaulliste ». Deux Parisiens, un couple comme il en existe des milliers dans notre pays et dont la vie va être bouleversée par une découverte : le grand-père maternel de Jean-Marie, Lucien Nachin, ami du général de Gaulle, du général Matter et du colonel Émile Mayer, considéré par tous comme un grand militaire et un grand intellectuel, était l’un des principaux responsables de la Société de transport qui gérait les autobus parisiens pendant l’Occupation allemande.

Dès lors, une question taraude Malka et son compagnon : quelle fut la responsabilité de leur parent dans la déportation et dans la mort de milliers de leurs concitoyens.

Le couple, avec ténacité, va fouiller dans le passé familial, dépouiller archives et courriers, investir Google, lire de nombreux ouvrages dont des thèses et des mémoires, interroger des proches. Il découvre qu’un voile a été jeté sur certaines périodes de la vie de Lucien Nachin, ce qui augmente leurs soupçons.

Mort en 1951, Lucien Nachin occupait à Viarmes, non loin de l’abbaye de Royaumont, une villa, « Le Fréchot », où Malka et Jean-Marie se retrouveront pour aller à la découverte du rôle du lieutenant-colonel Nachin, dirigeant de la STCRP, Société des Transports en Commun de la Région Parisienne, ancêtre de la RATP. Une question les hante tout au long de leurs investigations : « Comment le lieutenant-colonel Lucien Nachin, l’un des hauts dirigeants de la STCRP ayant la responsabilité du personnel, pouvait-il ignorer l’usage exact des 946 autobus que sa société avait mis à la « disposition » des Allemands durant presque quatre années ? »

Un travail de mémoire délicat, courageux et salutaire.

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