Rafle du Vél d’H
iv dans les yeux d’un enfant…
Gabriel Wachman a quatorze ans lorsque qu’il est arrêté avec sa famille à leur domicile. Il raconte :
« Toutes les familles des immeubles voisins sont rassemblées sur le trottoir. Les agents canalisent vers l’autobus puis y fait monter le plus de monde possible. (…) L’autobus est plein, surchargé même. On a entassé les gens à la va-comme-je-te-pousse. L’autobus est comme défiguré ! (…) L’autobus roule. Le chauffeur passe mal les vitesses. Ça grince. On ne va pas loin, seulement jusqu’au commissariat. Alors, c’est ça ? Un autobus pour aller jusqu’au commissariat ? Ça en fait rire quelques-uns et ça en rassure d’autres. (…) Mais ils sont à peine descendus qu’on les fait remonter, et cette fois-ci en les comptant, liste en main. L’autobus redémarre brusquement et ceux qui sont entassés dans le couloir et sur la plate-forme perdent l’équilibre. (…) La file d’autobus prend les boulevards des Maréchaux. Au pied des poteaux d’arrêt, les travailleurs du matin regardent passer ce convoi d’autobus sans comprendre pourquoi ils poireautent depuis des heures. (…) La file d’autobus quitte les boulevards des Maréchaux puis longe la Seine vers le quai de Grenelle.
Le Vel d’Hiv. Il y a déjà une longue file d’autobus le long du trottoir. »
Gabriel Wachman, Daniel Goldenberg, Evadé du Vél d’Hiv, Calmann-Lévy, 2006