Par Denis Lemarie, France Bleue Paris, 107.1, 7 juin 2016, 14h45
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On ne connait qu’une seule seule photo de la rafle du Vel d’Hiv. Des bus stationnent devant l’ancien Vélodrome d’Hiver, ils viennent de conduire les familles arrêtées chez elles, le 16 juillet 1942 au matin. Cette photo est celle de la couverture du livre Les bus de la honte, de Jean-Marie Dubois et Malka Marcovich, paru aux Editions Tallandier. Les deux auteurs racontent comment la STCRP, la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne, a mis ses autobus à la disposition de la police de Vichy et des occupants pour transporter les personnes arrêtées lors des rafles vers le Vel d’Hiv, Drancy puis les trains des camps de la mort. 95 % des déportés juifs sont montés dans ces autobus. La RATP a succédé à la fin de la guerre à la STCRP, et a même longtemps occupé son siège, quai des Grands Augustins, transformé aujourd’hui en hôtel… Jean-Marie Dubois raconte aussi comment cet épisode de l’occupation est devenu pour lui une douloureuse affaire familiale lorsqu’il a découvert que son grand-père Lucien Nachin – qu’il n’a pas connu – occupait les plus hautes fonctions à la tête de la STCRP, « l’une des sociétés les plus collaboriationnistes de l’occupation ». Ce brillant militaire, ami du Général de Gaulle, ne fut pas inquiété outre mesure, mais simplement poussé à la retraite avant l’âge. Les bus de la capitale n’ont plus rien à voir bien sûr avec ceux de la guerre – et leur plateforme arrière – mais leur histoire «fait froid dans le dos »…